Sans queue ni tête, et alors ?
Mercredi 29 septembre 2010
Il était bien tentant pour la plume acérée des critiques cinématographiques de rebondir sur le titre du dernier long métrage de Jeanne Labrune qui arrive aujourd’hui sur nos écrans. L’Express n’a pas raté l’occasion en titrant son article : “Tout est dit dans le titre du film”. Le Figaro et quelques autres magazines ou quotidiens ne sont guère plus tendre. La critique en général semble unanime pour tacler cette démonstration qui marque le retour de la réalisatrice,6 ans après une trilogie de comédies : ça ira mieux demain, c’est le bouquet ou encore Cause toujours. Jeanne Labrune ayant fait des études de littérature et philosophie, revient semble-t-il à ses premières amours, avec “Sans queue ni tête”, mêlant ici prostitution et psychanalyse. Elle n’a pas convaincu et alors ? Ce mélange détonnant reste un nouveau champ d’investigation pour l’incroyable Isabelle Huppert qui n’a jamais fini de nous étonner en passant son temps, pour notre plus grand plaisir, à briser son image. Rien que pour apprécier et assister à ce nouveau challenge de l’égérie de Chabrol, ce film vaut certainement que l’on s’y intéresse. De plus quand la critique s’acharne à ce point sur une œuvre, cela cache soit une perle soit un nanar. Donc si vous êtes joueur courrez y et faites vous une opinion personnelle, cela reste encore la meilleure.

Le nouveau Chabrol, c’est comme le dernier Woody Allen, ça ne se manque pas. Et quand on associe à cette signature prestigieuse celle de Depardieu, le film Bellamy devient automatiquement une curiosité incontournable. Pour Depardieu, malgré ses 40 ans de carrière, être dirigé par le maître, c’est une première. C’est un vieux projet, enfin concrétisé et qui a réjoui les deux. Depardieu avait par ailleurs déclaré : “Quand je fais un film qui m’emmerde, je gonfle”, ce ne fut certainement pas le cas lors de la rencontre avec ce monstre sacré du 7e art. Tourner avec le farceur du cinéma français, fut semble-t-il, avant tout jubilatoire, et cela rendit le tournage culte. On ne s’est pas ennuyé sur le plateau parait-il. De Chabrol, Depardieu dit : “chez lui, il y une jubilation…il vit…et on sent qu’il s’amuse, qu’il y a de la face dans le plan, qu’on est en vacances, qu’il sème des cailloux, que c”est un jeu de piste”. Depardieu a aussi tourné dernièrement, avec Xavier Giannoli, “A l’origine”. Ce sont “Des cinéastes avec lesquels j’ai l’impression de refaire un métier que je n’avais pas fait depuis longtemps”. Vu le casting prodigieux, Bellamy promet d’être un bon cru Chabrol 2009.