Alain Roche Nalair de rien

Dans la haute couture il  semble qu’il soit de bon ton de se la jouer rebelle, sulfureux, marginal, amoureux de la différence quoi ! Aussi nos créateurs en haute couture n’hésite pas à sufert sur la notoriété de jeunes brûlots ultra médiatisées, pour encanailler la jeune bourgeoise. Ce fut le cas, il y a peu,  de Karl Lagarfeld qui ne voit maintenant que par Zahia et déclare à qui veut l’entendre que c’est la nouvelle Coco du XXe siècle.

La réponse du berger à la bergère ne se fait pas attendre. L’enfant terrible de la haute couture française ne voulant pas être surclassé à ce jeu, fait défiler Nabila. Il faut savoir que Nabila et les anges de la tv réalité sur NRJ 12, c’est avant tout l’idée de trois jeunes banlieusards qui veulent faire de la TV mais ne sont pas cooptés.

Michalak, Dos Santos et Vales ont alors une idée relativement géniale. Pourquoi ne pas recycler des bombasses vus dans l’île de la tentation et autre émission de tv réalité ? Nabila est donc de celle là… Depuis sa petite phrase idiote reprise par tous les médias et surjouée, voilà la bimbo en tête de gondole, objet que s’offre le grand journal de Denisot il va de soi.

Feux follets, trainées de poudre médiatisées par une chaine de tv qui cartonne parce que des ados boutonneux veulent voir des rondeurs siliconnées à l’heure du goûter, voilà maintenant que Nabila défile. Franchement, Jean-Paul Gauthier serait-il en mal d’inspiration,  ce grand couturier nous a habitué à mieux que cette surenchère pour pas cher.

D’après les potins, les deux belles se détestent cordialement. Serait-ce le cas de Gauthier et Lagarfeld?

Silence un ange passe…

Invité dans l’Hebdo Cinéma sur Canal+, Karl Lagerfeld s’acharne sur Audrey Tautou qui, oh sacrilège, a osé jouer le rôle de Coco dans ” Coco avant Chanel”. Il ne lui épargne rien et dit  : “Quand j’ai vu dans un journal, qu’Audrey Tautou dit que ce qu’elle aime de Chanel, ce sont les bottes pour la pluie, je me dis que celle-là elle voulait le chèque !” Karl s’est fait un malin plaisir de lyncher systématiquement l’actrice, même sur son look. Qu’on puisse associer son image à celle de la créatrice rend le dandy littéralement hystérique. Il lâche imperturbable : “L’autre jour, je l’ai vue dans un gala avec une robe jaune et rien ne fait plus tort à notre image que ça, franchement. ” Estocade finale, Karl conclue par ” si la Môme a mieux marché, c’est parce que l’actrice était meilleure”. On aurait cru la corrida terminée, mais non, il veut la queue et les deux oreilles et ajoute un coup aussi bas que mortel, qu’il avait préféré les Ch’tis. Le couturier est en passe de devenir plus célèbre pour ses piques assassines que pour ses futures créations.

Voilà que la régie publicitaire de la RATP, Métrobus fait du zèle ! La censure s’en est pris à la pipe de Tati et celle de Tautou. Après avoir dénaturé “Mon Oncle” qui maintenant à quelque chose de ma tante, voilà qu’ils s’en prennent à mon “Coco” trouvant qu’il avait quelque chose de mon oncle. Rêve, cauchemar…non, c’est une réalité frileuse estampillée 2009. Cela devient de plus en plus navrant que sous couvert de la loi Evin du 10 janvier 1991, on pollue des affiches, par ailleurs distribuées, ce qui est un comble. L’image de “Mon oncle” avec une éolienne portative au bec, c’est assez décalé, pour faire gondoler Tati de manière posthume. Quant à “Coco”, la Chanel, avec son légendaire caractère de chien, j’imagine qu’elle se tourne et se retourne dans sa tombe, en fumant de rage. Dommage que Maurice Clavel ne soit plus ce  monde, pour lancer un tonitruant : “Messieurs les censeurs, bonsoir!”

Une critique mi-figue mi-raisin accueille le film d’Anne Fontaine “Coco avant Chanel”. Pour certains, le film rate sa cible, l’aspect révolutionnaire du caractère de Melle Chanel, pour d’autres il est “captivant”. C’est avant tout un film d’acteurs, ou le tandem Tautou Poelewoorde tire avec brio son épingle du jeu. On oserait même dire, que ce film est fait sur mesure , pour le grand talent d’Audrey Tautou, dont la prestation est comparée à celle de Marion Cotillard, dans “La Môme” sic. Le clivage est net. Une partie de la critique comme le “Nouvel Observateur”  rechigne sur ce film qu’il trouve cousu de fil blanc. Quant au “Figaro” il est emballé et ne tarie pas d’éloges, curieux non ? “Exangue et laborieux” ou “captivant” ce sera à vous de choisir. Lire les critiques certes, mais après, parce que rien n’est pire que les idées prêtes à porter !