Alain Roche Nalair de rien

Laurent Gbagbo a été arrêté  lundi dans sa résidence d’Abidjan dans le quartier de Kocody. C”est la fin de la contestation du pouvoir de Alassane Ouattara soutenu par la communauté internationale et particulièrement la France qui a eu un rôle déterminant dans la conclusion de ce conflit qui remonte au 28 novembre dernier. Vient maintenant l’heure au pouvoir légitime de s’installer enfin. Ce serait d’après Toussaint Alain des forces françaises spéciales qui aurait capturé Laurent Gbagbo avant de le remettre à des chefs de la rébellion. Version qui aussitôt démentie par les autorités françaises. Pour Alain Juppé ce sont des forces d’Alassane Ouattara qui auraient procédé à l’arrestation. Ils auraient été amené à l’hôtel du golf ou la télévision ivoirienne le montre avec son épouse Simone sans menotte et en bonne santé. Ali Coulibaly a dit que le président sortant serait jugé pour ses actes. Curieuse fin pour celui qui pensait dur comme fer que ses adversaire allaient pleurer lors de sa réélection. Pas simple quand on est habitué au pouvoir de s’en passer.

Avec la folie des médias et du direct, on vit maintenant minute après minute ce qui sera peut être la fin de la dictature Gbagbo. Il semble que même s’il résiste bec et ongle pour garder le pouvoir ses heures sont comptées. L’information n’a plus le temps de l’investigation, on fait témoigner, comme pour 20 minutes, des Français sur place, avec aucun recul. C’est le réality show de guerre. Est-ce que ce sera ça l’info de demain? Les partisans d’Allasane Outtara sont entrés dans Abidjan et  l’on tire autour du palais présidentiel, mais on ne sait pas où est le président sortant ?  La radio télévision n’émet plus mais le chaos règne dans l’amoncellement d’informations souvent contradictoires. Le monde entier a aujourd’hui les yeux tournés sur la côte d’Ivoire et attend le dénouement de cette attaque de la capitale. Pendant ce temps les habitants d’Abidjan se planquent. Il semble que ce jour marque le point final à l’ère Gbagbo.

La situation de Côte d’Ivoire s’aggrave d’heure en heure. Après les évènements dramatiques de jeudi dernier où la manifestation des partisans d’Alassane Ouattara a été réprimée dans le sang, l’armée loyaliste de Gbagbo quadrille Abidjan. Charles Blé Goudé leader des “jeunes patriotes” appelle à la violence. L’ultimatum, lancé à Laurent Gbagbo par l’Union européenne de quitter le pouvoir dans les plus brefs délais sous peine de sanctions, est resté vain. Pour toute réponse, le président ivoirien exige le départ de la mission de l’ONU et de la force militaire française Licorne, qu’il accuse de grave ingérence. Le secrétaire générale de l’ONU, Ban Ki-moon, a rejeté cette demande, mettant en garde Laurent Gbagbo contre toute attaque des soldats onusiens. Actuellement on compte sur place 10 000 Casques bleus et la force Licorne environ 900 hommes. Laurent Gbagbo, de plus en plus isolé, négociera -t-il une sortie pacifique ou fera-t-il basculer le pays dans une nouvelle guerre civile ? Pour l’instant, tout reste possible.

Après onze années de crise politico-militaire, dimanche 31 octobre, les Ivoiriens se sont rendus aux urnes pour élire leur nouveau président. Depuis l’accession au pouvoir en 2000 de Laurent Gbagbo, il n’y avait plus eu en côte d’Ivoire d’élections présidentielles. Ce scrutin tenterait de mettre fin à une crise ouverte par le pusch de 1999 aggravé par un coup d’État raté en 2002. Il y a eu depuis 2005 pas moins de six reports d’élections. Les quelques 5,7 millions d’Ivoiriens doivent départager lors de ce scrutin 14 candidats, dont les 3 ténors : l’ex-chef d’État Henri Konan Bédié, l’ancien premier ministre Alassane Ouattara et bien entendu Laurent Gbagbo. Ce dernier ne doute pas une seconde de sa victoire et assène à qui veut l’entendre qu’il compte bien passer dès le premier tour et par avance en demande pardon à ses adversaires lors de son dernier meeting. Les élections se sont passées dans de relativement bonnes conditions et pourtant on peut toujours redouter des violences à l’annonce des résultats officiels.