Alain Roche Nalair de rien

La loi du 9 juillet 2010 en France fut instituée “une journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes” organisée chaque 25 novembre à l’instar de la journée internationale de l’ONU. A cette occasion une campagne d’affichage avec pour slogan ‘Viol, la honte doit changer de camp ” vient d’être lancée. Si 2010 a voulu faire de ce combat une grande cause nationale, les résultats sont franchement décevants. Avec 654 000 femmes de 18 à 75 ans violentées en 2009 ce nombre est en augmentation de 15%. En France en 2009, 140 femmes meurent sous les coups de leur compagnon. L’association “Ni putes ni soumises” a invité ce jour, les femmes à se mettre en jupe, 132 000 s’étaient engager à y participer. Les stars se mobilisent pour cette bonne cause et la marraine n’est autre qu’Isabelle Adjani qui incarnait le rôle principal du film “la journée de la jupe”. Une grande vente de jupes de 17 stars est organisée afin de récolter des fonds destinés à la location d’appartements relais pour les femmes en détresse. Belle initiative pour une noble cause!

Pour la première fois le pape Benoît XVI admet l’emploi du préservatif. A priori nous sommes loin de ses déclarations en mars 2009 qui avaient scandalisé une bonne partie de ses contemporains. Dans un livre entretien, Benoît XVI admet : ” Dans certains cas, quand l’intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir le voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement”. Il est temps que l’église catholique enfin prenne conscience un peu de l’évolution de notre société, de ses besoins et cesse de s’arquebouter sur son passé dépassé. Pourtant, cette ouverture de circonstance sur l’utilisation du préservatif “dans certains cas”, ne change en rien l’image ultra-conservatrice du pape.

A priori, depuis quelques temps, la SNCF n’arrête pas de s’excuser. Les gens fort mécontents déplorent sans cesse les retards qui sont devenus monnaie courante. Mais voilà il y avait pourtant des excuses très en retard, puisqu’elles se sont faites attendre depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Pour la première fois la SNCF officiellement, par la voix de son président actuel Guillaume Pépy, a exprimé “sa profonde peine” et “ses regrets”, pour son rôle dans le transport de 76 000 juifs vers les camps de la mort. Il ne faut pas voir là une déclaration spontanée mais le fruit d’un chantage, d’une pression financière. Si la SNCF ne faisait pas amende honorable, elle se voyait privée d’accéder à des appels d’offres pour la construction de lignes ferroviaires en Floride et en Californie. Pour montrer combien elle regrette, la SNCF s’est dite prête à aménager un lieu de mémoire près de la gare de Bobigny, d’où partait les convois du camp de Drancy. Comme quoi pour obtenir des excuses en bonne et due forme, faut-il encore y mettre les moyens.

Tout le monde a entendu parler d’Halloween. L’origine remonterait à une fête folklorique et païenne celte importée au XIXe siècle aux États-Unis par les migrants Irlandais. Mais voilà, Halloween se retrouve en directe concurrence avec deux fêtes religieuses chrétiennes, la Toussaint, le 1er novembre et la fête des morts le 2 novembre, que l’église défend bec et ongle. Aussi son introduction en Belgique dans les années 90 a suscité à la fois intérêt et rejet. Après l’effet de mode et un vif succès dans les années 2000, il semble qu’actuellement la célébration de l’événement soit relativement mitigée. Les détracteurs parlent d’une fête purement commerciale comme la St Valentin, alors que les inconditionnels voient une bonne occasion de se déguiser en zombies, sorcières, fantômes ou autres monstres. Accros ou pas, rien ne vous empêche de découvrir la légende de Jack O’Lantern, personnage populaire irlandais d’Halloween, condamné à errer dans les ténèbres une braise dans un navet. Au fil du temps notre navet a muté en citrouilles ou en potirons aux sourires illuminés par des chandelles. Attendez-vous, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, à voir débarquer chez vous, des enfants grimés criant “Trick or treat”. Pour calmer cette horde barbare, préparer un sac de bonbons.

Le compte est bon pour la  Suisse. Eveline Widmer-Schlumpf a annonce la libération du cinéaste franco-polonais et déclare qu’il “ne sera pas extradé vers les États-Unis et les mesures de restriction de sa liberté sont levées”. Que se passe-t-il en Suisse ? Les horloges ne font plus coucou après le changement d’heure ? Ils arrêtent Roman Polanski qui vient remettre un prix, alors que tout le monde lui foutait la paix depuis 1977, faisant mine de ne pas savoir qu’il était le fugitif  le plus connu du monde. Tapage médiatique, gros titres, prison, bracelet électronique et mise en liberté surveillée. La Suisse prend des airs de Birmanie. La totale made in Helvétie, et puis tout d’un coup d’un seul, tout baigne à nouveau avec l’été qui vient, le voilà lavé de tout soupçons sans autre jugement. Cherchons l’erreur? C’est à croire que la Suisse ne s’embarrasse plus ni de minarets ni de délinquants sexuels. Sans doute un effet canicule imprévu aux pays des helvètes. Les amis du cinéaste se réjouissent, tant mieux. Mais voilà dans cette affaire on en a trop dit ou pas assez. Faisons cesser les tempêtes dans les verres d’eau même minérale en Suisse et parlons des comptes aussi courants que cachés, ça nous changera un peu.

Curieux dernier hommage à l’Histoire qu’a rendu le général Bigeard. Il décède le jour même du 70e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940,  lancé à la BBC par un célèbre et illustre inconnu à l’époque, le général Charles de Gaulle. Marcel Bigeard est mort à Toul, ville qui l’avait vu naître le 14 février 1916, en pleine première guerre mondiale. Il deviendra militaire, héros de la Résistance et des guerres coloniales, l’Indochine et l’Algérie. Il laissera une trace indélébile au sein de la grande muette. Pourtant ses méthodes ont été fortement décriées depuis. Pour l’historien Gilles Manceron, ses méthodes sont “à remettre dans le contexte de l’époque”. Ce dernier rajoute cependant que cet épisode de notre Histoire  “témoigne de l’emploi de méthodes problématique”. Elles sont liées au général Bigeard certes, mais avant tout à l’armée Française dans son ensemble à cette époque. Si, logiquement et bien naturellement, “l’usage de la torture reste un tabou”, l’historien croit en la sincérité du général Bigeard. Pour Benjamin Stora, spécialiste de le général “est lié à la torture, pour lui il formait un couple (sulfureux) avec le général Massu”, le bien nommé. Reconnue en 2000, l’affaire algérienne n’en est pas moins taxée alors de “mal nécessaire”. Avec la mort de Marcel Bigeard, se clôt un chapitre de notre mauvaise conscience ensanglantée. Ce type de passage de l’Histoire est trop souvent liée à tout général mort ou vivant, mais on a pas encore inventé la guerre propre. Il faudrait  y penser !

Pour Jean Michel Apathie, avec le brio de ses démonstrations éditoriales, a fort bien expliqué, lors de son intervention au grand journal du 29 avril sur Canal +, combien Zahia à la une de Paris Match était remarquable. Pour lui Paris Match est “l’ami des stars et Zahia est l’incarnation de l’ennemie des stars”. Dans les archives de l’hebdo des familles, consacré essentiellement et presque exclusivement aux stars, il faut remontre à 1996 pour avoir ce type de une consacrée à l’époque à la jeune “Fili”. Dans l’affaire Ducruet, marié à l’époque avec Stéphanie de Monaco, cette ancienne “miss Belgique seins nus” était en fait mise au banc des accusés. En mettant Fili en couverture, on cherchait alors à laver l’honneur de Stéphanie de Monaco. Quatorze ans après, c’est Zahia qui est mise en valeur et Apathie soupçonnerait même qu’elle aurait été payée pour son interview exclusive dans Match. Changement de cap pour notre presse française qui dorénavant peut être n’hésitera plus, pour créer du buzz, à s’anglo-saxoniser.

La question est : ” Y a-t-il un point commun entre les prêtre pédophiles et Roman Polanski ? ” Une tribune publiée dans Rue 89 s’empare du sujet, en disant :  Pourquoi “on vilipende le pape et l’on passe tout à Roman Polanski”?  Pas faux, la question est bien posée. Il est vrai que le monde artistique a été choqué du fait que le cinéaste soit arrêté en allant chercher un prix, celui de la reconnaissance d’une profession et d’une œuvre. Mais en fait connaissait-on vraiment les faits ? La levée de boucliers s’est faite instinctivement au nom de sa création gommant du coup sa personnalité et ses agissements privés. Une affaire qui remonte à 1977 certes, mais y a t-il prescription ? Celui que l’on juge aujourd’hui est-t-il celui qui a abusé sexuellement de Samantha Geimer une mineure de 13 ans ? Quel point commun y a-t-il entre l’affaire Polanski et celle des prêtes ? L’abus de pouvoir tout simplement. La pédophilie des prêtres ou de leurs supérieurs remonte à combien de décennies ou de siècles ? Peut-on continuer à ignorer que cette tendance se perpétue encore de nos jours ? Doit-on trouver ça normal, et le taxer d’un ” ça s’est toujours fait ” fataliste ? Le temps passe, mais les faits restent. L’abus de pouvoir n’est pas seulement d’usage dans le monde de l’art ou de la religion. Le phénomène aggravant dans le cas des prêtres est que le religieux se pose en détenteur et prêcheur de la moralité. Mais finalement, le fait est que la pédophilie est inacceptable en soi. Le fait que des pédophiles en général abusent de leur situation dominante, quelle qu’elle soit, pour assouvir leurs penchants malsains, est condamnable. Peut-on accepter qu’ils soient protégés ?

Le suicide de Jean-Pierre Treiber soulève colère et frustration. Comment a–t-il pu se suicider en étant un détenu particulièrement surveillé ? S’interrogent ses proches qui dénoncent des défaillances. Celui qui a toujours niais le double meurtre de Katia Lherbier et Géraldine Giraud, par ce geste, a mis fin à l’action judiciaire et laisse planer le doute. Loin d’être un geste isolé, Jean-Pierre Treiber est le 18e à mettre fin à ses jours depuis le début de l’année. Il y a eu pas moins de 122 morts par suicide en 2009 dans les établissement pénitentiaires français. Notre système carcéral, dans ce domaine, reste l’un des plus défaillants d’Europe.

Nalair aujourd’hui vous offre une galerie de portraits et quelques brèves sur ceux qui ont fait l’actualité durant la semaine du bimensuel culturel N°2.

“Pierrot le fou” condamné à perpétuité définitivement

Pierre Bodein, dit “Pierrot le fou” a comparu six fois en cours d’assises, a fait l’objet de multiples expertises psychiatriques le jugeant tour à tour saint d’esprit, simulateur de génie ou psychopathe dangereux. Épilogue judiciaire pour ce multirécidiviste, la cour de cassation a rendu définitivement sa condamnation à la réclusion à perpétuité incompressible, mais a aussi “verrouillé” pour 30 ans toute possibilité d’aménagement de peine ou de libération anticipée pour ce criminel de 63 ans.

L’affaire Poglio fait des remous

L’affaire Henri Poglio, nouveau PDG d’EDF, avec ses plus ou moins 450 000€, a animé les bancs de l’Assemblée Nationale, il reste en fait le véritable débat à trancher, et ce même s’il a renoncé à sa double paye. Peut-on être à la fois responsable de deux entreprises, l’une publique, l’autre privée, qui ont à l’évidence des marchés concurrentiels donc inévitablement des conflits d’intérêts ? Beaucoup sont contre ce cumule, tous bords confondus. Va-t-il choisir ? Chistine Lagarde après l’avoir défendu déclare “Il ne faut pas que ça dure éternellement” et le pousse vers la sortie de Veolia.

Le mythe Betancourt prend l’eau

Le mythe Ingrid Betancourt est bien écorché depuis sa libération, les critiques n’ont cessé de fuser de toutes parts. Son ex-mari Juan Carlos Lecompte s’épanche et règle ses comptes, dans Ingrid et moi. Une liberté douce-amère aux éditions Alphée-Jean-Paul Bertrand. Sa déception est proportionnelle à l’espoir entretenu pendant les six ans de son combat pour la faire libérer. Il explique comment elle est devenue “froide et calculatrice”. A sa descente de l’avion qui la ramène à la liberté, en guise d’étreinte, “elle m’a tapoté la joue et, moi , je l’ai pris pour une claque”. Sonné, groggy, il ne s’en est toujours pas remis.

Concerts de soutien pour les Haïtiens

Alors que Sean Penn débarque à Haïti entouré d’humanitaires, Georges Clooney présente sur la chaine musicale MTV un Théléton pour collecter un maximum de fonds pour venir en aide aux survivants. Cet événement a rassemblé quelques 130 personnalités du monde du spectacle et a récolté 41 millions d’euros. La France à son échelle se mobilise aussi. Signalons que Djamel Debbouze, entouré de Diam’s, Benjamin Bolay et Kery James entre autres, a organisé deux concerts exceptionnels au Bataclan dont les profits seront reversés à Action contre la Faim, pour la cause Haïtienne. Mais ce ne sont pas là les seules initiatives hexagonales.

Tim Burton double consécration

Tim Burton continue à engranger les honneurs. Après qu’une grande rétrospective lui soit consacrée à la célèbre Moma, le Museum of Modern Art de New York, voilà qu’il va devenir le prochain président du Festival de Cannes 2010, du 12 au 23 mai. “Un rêve devenu réalité.” C’est ce qu’a dit vivre le réalisateur américain.