La guerre des chiffres est déclarée
Samedi 22 octobre 2011
La campagne présidentielle 2012 va-t-elle dépendre des agences de notation financière ? Au lendemain des primaires, la droite agite le spectre de la perte de notre triple A si la gauche passait, alors même que cette note peut être perdue dès à présent. Nous voilà donc tributaires du monde de la finance et de ses agences de notation, mais cela n’est pas une vraie surprise. Après les Etats-Unis, voici que l’Europe est en tête de gondole à propos de la crise de la dette. Alors qu’il y a peu encore les agences de notation assuraient qu’elles ne toucheraient pas à la note française, voilà un brusque revirement de situation. L’annonce de Moody’s d’une réévaluation à la baisse avec possibilité d’une perte du triple A français, fait l’effet d’un pavé dans la mare. Cette alternative pourrait mettre à mal tout le dispositif européen pour endiguer la dette. Dans la foulée la même agence vient de porter un coup dur à l’Espagne en abaissant sa note de deux points.

Voilà maintenant une excellente raison pour justifier une politique de rigueur et le gouvernement annonce un nouveau tour de vis en pleine année électorale. Valérie Pécresse vante son budget ”sous le signe des réformes et des économies”, notamment une baisse des dépenses de l’Etat pour la première fois depuis 1945. Elle ajoute “Grâce à cette action, la France reste crédible et notre notation est préservée”. Mais peut-on encore faire croire que l’on maîtrise les choses, alors que nous dépendons du bon vouloir des agences de notation? Les annonces se multiplient et dénotent une grande fébrilité du gouvernement, qu’elle soit feinte ou non. Une chose est certaine, cette insécurité nouvelle sera sans nul doute exploitée dans le cadre de la campagne présidentielle 2012. Le compteur de la derrière convention de l’UMP sur le projet du PS montre bien que la guerre des chiffres est déclarée, avec son règne des contre-vérités. Que nous reste-t-il si ce n’est nous indigner ? Certainement ne pas oublier d’aller voter !



Martine Aubry sort le bazooka et tire à vue sur Manuel Valls qu’ elle a vu déambuler à la Garden-Party de l’Elysée, comme un futur poisson dans l’eau. Rappelons que Manuel Valls, maire PS d’Evry (Essonne), n’a pas caché qu’il se verrait bien candidat à l’Elysée en 2012. Du reste il s’est fait une spécialité de prendre ses camarades socialistes à contre-pied, bénéficiant ainsi d’une présence médiatique supérieure à son poids politique au PS. Le sang de la Présidente du PS, justement, n’a fait qu’un tour et elle a adressée une lettre salée sous forme d’ultimatum à ce jeune effronté. “C’est le moment de vérité. Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent. On n’appartient pas à un parti pour s’en servir, mais pour le servir”, le reste étant de la même veine. Il faut dire que Manuel Valls a lancé fin juin son club politique, baptisé “Gauche optimiste”, il ne faut déjà pas en manquer pour appeler un club ainsi. L’objectif, peser dans le “renouveau” de la gauche, c’est tout dire. Après Mélenchon voilà un nouvel éléphanteau dissident qui tente de mettre l’estocade finale à un PS moribond. Franchement après la guerre de roses et les trahisons permanentes et variées, il est vrai que cet ex grand parti de gauche est loin de faire rêver les jeunes ambitieux.
En fait toutes ces dernières années nous avions élus des politiques estampillés PS qui ont usé du pouvoir jusqu’à en devenir accros. Après quelques années, nous nous rendons compte que ce n’était que des politiques proches de l’UMP qui s’étaient encartés au PS, histoire de donner le change. C’est quelque peu confondant, mais force est de le constater. Pas des moindres du reste, les plus ambitieux ont sauté à pieds joints dans le train sarkoziste en partance. Strauss-Kann, Kouchner, Besson, Lang, des intellectuels, des artistes, des sportifs et maintenant Rocard. Nicolas Sarkozy nous prouve, s’il était encore utile de le faire, que la démocratie est une farce, et nous en sommes les dindons. Quel est celui qui ne s’est pas réveillé avec la gueule de bois après les années Mitterand ? Tonton nous avait trahi, certes, Jospin en avait remis une couche en étant plus chiraquien que Chirac lui-même ! Mais voilà, maintenant une farandole d’ex éléphants du PS est organisé au bal de sa majesté élyséenne. Il est vrai que la nomination de Michel Rocard a quelque chose de rafraîchissant. L’ancien premier ministre s’ennuyait ferme, son rôle d’ambassadeur chez les ours polaires va le distraire un peu. Un politique, c’est un peu comme un artiste, il n’y a pas d’âge pour finir d’être ambitieux. Et ce n’est pas à 78 ans, après s’être retiré de ses mandats européens, qu’il va songer à la retraite. La seule retraite qu’il prendra ne sera pas celle de Russie, réservé à l’actuel PS, mais celle des pôles Nord et Sud confondus eux aussi de le voir débarquer sur la banquise.
Christine Albanel perd son sang froid lors de la séance de mercredi soir à l’Assemblée nationale, à propos du projet de loi Création et Internet communément appelée loi Hadopi, un sujet qui aiguise bien des passions. Elle lance ulcérée, à la face de l’opposition : “Je suis accablée par toutes les caricatures sur tous les bancs et par l’obstination qui consiste à présenter d’Hadopi comme une sorte d’antenne de la Gestapo particulièrement ridicule.” Les réactions ne se font pas attendre. Conspuée, sifflée, la ministre a beau retirer le mot Gestapo, rien ni a fait. Les députés du groupe socialiste ont dénoncé un “atroce dérapage” et un incident “douloureux”. “Jamais nous n’avons assimilé le président de la République ou vous-même à un quelconque dictateur”, lance Patrick Bloche, député PS. Les représentants de la majorité ont levé les yeux au ciel. Le président de l’Assemblée, face à une telle agitation, a accordé un breack de 10 minutes pour que tout le monde reprenne ses esprits. Les tensions apaisées, la séance a pu ensuite continuer sans éclats.


